SAILLANS de l'Antiquité à nos jours
Le tourisme du Patrimoine historique et culturel

Implanté le long de la rivière Drôme à l'altitude de 270m, blotti au soleil à l'abri du Mistral, le bourg de Saillans compte un millier d'habitants.


A l'extérieur du village, les richesses touristiques sont celles de la nature drômoise :
nombreux sites de baignade, sports d'eaux vives, canoë et rafting sur la Drôme,
via ferrata ou escalade dans les falaises calcaires (Saoû, La Pelle, Omblèze...),
randonnées en boucle ou itinéraires à pied (GR9),
cyclotourisme sur route ou en VTT...


SAILLANS / Darentiaca : des origines romaines


Le bourg de Saillans est implanté au croisement de deux itinéraires anciens.
L'un gallo-romain longeant le cours de la rivière Drôme entre la Vallée du Rhône (Valentia) et le Col du Montgenèvre donnant accès à l'Italie via Die (Dea Augusta).
L'autre bien plus ancien remontant depuis les comptoirs grecs de la côté méditerranéenne, à l'écart de la vallée du Rhône à l'intérieur des terres souvent en altitude, sur le territoire des Voconces (Vocontii).
Cet itinéraire celte est aujourd'hui remployé par le G.R.9 qui traverse le canton de Saillans depuis Beaufort-sur-Gervanne et Vaugelas au Nord en passant par St-Christophe, Saillans, Chastel-Arnaud, et ressort vers le Sud par La Chaudière en direction de Bourdeaux via Bézaudun-sur-Bine. Il mettait en contact les Voconces avec les Allobroges (Allobrogae) au Nord (Vercors, Isère) et les Tricastini au Sud-Ouest.

bornes milliaires le long de la voie romaine
La voie romaine longeant la Drôme est décrite dans l'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem d'un pèlerin chrétien en 333 ap. J.-C. ; trois bornes milliaires de cette voie sont conservées, une à la Mairie, l'autre à l'église St-Géraud, portant de nombreuses inscriptions montrant que des travaux répétés de réfection de la voie romaine ont été réalisés à la charnière des IIIe et IVe siècles ap. J.-C. (entre 293 et 337).

Mentionné sur cet itinéraire, un relais routier nommé Darentiaca se trouvait sur le tracé de la voie romaine implantée en rive droite de la Drôme à 16 mille pas de Dea, au droit d'un gué sur la Drôme au Pas de Romanon (quartier de la Maladrerie) à l'Ouest du bourg actuel. Il s'agissait de changer de montures (mutatio) entre les étapes du vicus Augustum (village d'Aouste-sur-Sye) et de civitas Dea Augusta Vocontorium (ville de Die).

un mausolée en rotonde
Un important massif de maçonnerie antique a livré des blocs sculptés remployés dans le mur de soutènement de la place du Prieuré ou encore conservés à la Mairie.
Autour, à La Tour comme à St-Jean en rive droite de la Drôme, ou encore à La Mure en rive gauche, les vestiges antiques font localiser de riches villae romaines avec hypocaustes (chauffage par le sol et les murs).
Les monnaies retrouvées en fouilles font dater ces occupations gallo-romaines entre 42 av. J.-C. et le règne de Constantin, au IVe s. ap. J.-C., autorisant le Christianisme.
Deux récentes découvertes éclairent cette période romaine à Saillans.

En 1982 a été découverte une magnifique inscription latine dédiant un mausolée à Aulo Pompeio Fronto, fils de Sextus, de la tribu Voltinia, les Voconces [ont fait ce monument] sous le règne de l'empereur Auguste (27 av. / 14 ap. J.-C.).
Aujourd'hui installée devant les locaux de l'Office de Tourisme, cette inscription ornait un mausolée circulaire de 25m de diamètre proche du Pas de Romanon, rotonde haute d'une dizaine de mètres.

une exploitation viticole antique

En 2010, les fouilles archéologiques préventives réalisées au Nord de ce site ont livré les vestiges d'une importante exploitation viticole, avec un vaste cellier (27m de long) caractérisé par des dizaines d'empreintes de dolia de stockage du vin, qui attestent de la viticulture dès les Ier et IIe s. ap. J.-C. à Saillans : de quoi forger les lettres de noblesse de la Clairette de Die ?
Dans un deuxième temps, ces dolia furent remplacés par des tonneaux, dont les Celtes étaient les inventeurs. Transformés au fur et à mesure des besoins, ces bâtiments ont été occupés durant tous le Bas-Empire jusqu'au Moyen-Age ; des fours médiévaux y ont été découverts.

occupation ininterrompue
A la fin du Haut-Moyen-Age, durant lequel les sites antiques ont continué d'être occupés, le bourg actuel de Saillans a été implanté à l'écart de cette première fondation du relais routier romain, en amont du confluent du Rieussec sur la rive droite de la Drôme.
Aucun château féodal n'a jamais contrôlé la place, qui n'a que peu de capacité défensive : Saillans doit son existence à sa capacité d'accueil sur des itinéraires commerciaux comme durant la Pax Romana.
Des sites défensifs du Haut-Moyen-Age sont par contre identifiés autour de Saillans :
motte castrale à Saint-Christophe et ruines de Château-Vieux de Véronne,
oppidum, motte castrale et ruines du château de Pontaix,
motte castrale et ruines du château de Château-Vieux à Aurel,
motte castrale et ruines du château du Barry à Vercheny,
oppidum, ruines du château de Saint-Andéol (Les Auberts à Chastel-Arnaud)...

Le prieuré roman de Saillans

Le monastère de Saillans aurait été fondé par saint Géraud, comte d'Aurillac (né en 855, mort en 909), à la fin du IXe ou au début du Xe siècle, à l'occasion de l'un de ses nombreux voyages à Rome : il aurait fait étape en cette station de l'ancienne voie romaine.
En effet, les moines bénédictins de sa ville créent de nombreux monastères sur le trajet qu'il empruntait, entre Valence et le Mont-Genèvre.

Sept fragments carolingiens de sculpture à entrelacs, remployés dans le pilier sud-ouest de la croisée, viennent soutenir l'existence d'une église pré-romane.
La première mention de ce prieuré remonte à 1061 ; il est alors dédié aux saints Pierre et Paul. Il ne sera consacré à saint Géraud qu'au XVIIe siècle.

Les guerres de religions mirent à bas l'essentiel de l'église romane : le clocher fut abattu en 1575 ; sa chute ruina le mur nord et le voûtement de la nef comme de la croisée de transept.
Le portail fut reconstruit en 1600, la façade terminée en 1607.
L'ensemble fut consacré à nouveau en 1704 seulement ;
la chapelle des Pénitents a été aménagée le long du mur nord au XVIIIe siècle.
Les voûtes d'arête de la nef sont postérieures à 1820 ; le clocher remonté en 1828.
Exemple typique, malgré ses réfections, d'un édifice roman diois, St-Géraud de Saillans possède des éléments évolués qui la font remonter au XIIe siècle.

le mur sud mieux conservé
La construction originelle comportait une longue nef de quatre travées voûtées en plein-cintre et un fort transept ouvrant sur une belle abside axiale encadrée de deux absidioles.

Le mur sud de la nef offre les parties romanes les mieux conservées. A l'extérieur, il présente sur la place du Prieuré un ensemble appareillé portant les traces d'arrachage du cloître.
Le croisillon sud était prolongé par le dortoir des moines : à l'étage, la porte de communication a été murée. L'absidiole sud présente un plan polygonal à sa base ; la forme circulaire résulte de sa reconstruction.

A l'intérieur, pilastres et arcs de décharge rythment les quatre travées de la nef romane ; le départ de la voûte romane en plein-cintre reste visible au Sud au-dessus d'une corniche moulurée en cavet. Au Nord, les dispositions romanes ont disparu avec l'adjonction de la Chapelle des Pénitents Blancs.

l'association Présage oeuvre pour la restauration de l'église

le bourg médiéval de Saillans

C'est autour de ce monastère que se développa le village de Saillans.
En l'absence de château et de châtelain, avant 1299 le seigneur de Saillans n'était autre que le prieur du monastère.
Le nom du village apparaît pour la première fois en 1201, à propos des droits qu'y exerce Silvion de Crest : le nom de villa sallenz indique que la place n'est pas encore fortifiée.

Fortifiée, elle le deviendra nécessairement à l'occasion de la Guerre des Episcopaux qui opposa les évêques de Die aux Poitiers, comtes de Valentinois entre 1217 et 1356 : l'entrée du défilé du Détroit constituait un passage stratégique convoité par les deux belligérants, qui rivalisèrent d'efforts pour s'obliger les Saillansons.
Ainsi en 1227, le comte dispensa les villageois de tout péage jusqu'à Die, puis en 1247 les évêques attribuèrent au prieur de Saillans les seigneuries de Véronne et de La Bâtie d'Aiguebelle, comme pour s'attirer le soutien de Saillans : pour les villageois, droits d'user librement des eaux, bois et pâturages en 1276.
Mais en 1277 le seigneur du Royans Guigues de Béranger s'empara du village, qui fut repris l'année suivante par l'évêque Amédée de Roussillon qui exempte les villageois d'impôts sur le commerce à Die, Valence et Livron.
En 1282, le prieur de Saillans fut néanmoins contraint de reconnaître des droits à Adémar de Poitiers : logement de la troupe, remise des clefs et garde du village... jusqu'en 1299 où Guillaume de Roussillon assit l'autorité épiscopale, pérennisée par de nombreux avantages : en 1300 il confirma libertés et franchises antérieurement concédées.
Puis en 1328 l'évêque accorda aux Saillansons les mêmes privilèges qu'à Die, comprenant l'élection des syndics ou consuls représentant la population.
Le XIVe siècle connut le passage de la peste en 1348-49 comme celui des routiers qui obligèrent à augmenter les remparts, lesquels englobèrent le quartier du bourg au début du XVe s., mais vit aussi la construction du pont sur la Drôme autorisée par Charles de Poitiers en 1385.
Les guerres de religion du XVIe s. entraînèrent famine, misère et destructions, obligèrent le seigneur-évêque Charles de Léberon à aliéner Saillans au profit d'Achille Lambert, bourgeois de Valence, pour la somme de 293 écus d'or (entre 1580 et 1635) et conjuguèrent leurs effets avec ceux de la peste en 1586, en 1629, 1631, 1640 et des calamités climatiques (inondations dévastatrices en 1586, 1708, 1720, 1725, 1754, 1763...), hivers exceptionnels comme en 1709...
Il reste que Saillans n'a jamais eu de château ni connu de seigneur féodal : aucune autorité n'y a jamais été respectée.
Les murailles furent reconstruites en 1652 ; à cette période remonte aussi l'expansion industrieuse de Saillans avec la draperie de laine (fabriques Roche, Rey, Souvion, Barnier...), puis de coton (fabriques Daly et J.-C. Eymieu jusqu'en 1848) et surtout de la soie favorisée par la plantation de mûriers dont se nourrissent les vers du Bombyx du Mûrier, à partir de 1650.

Les manufactures de soie de Saillans au XIXe siècle

Ces manufactures exploitaient la force motrice des eaux de la Drôme.
En 1434, un premier pacte conclu entre les habitants de Saillans et le prieur Jean de Plane avait fixé les conditions du moulinage de l'eau, pour la farine comme pour les autres usages.
En 1450, le dauphin futur Louis XI fit annuler ce pacte, mais consentit au maintien à jamais du barrage déjà installé sur la Drôme et des droits d'eau liés aux moulins du village, sauf à laisser passer les bois de flottage.

A partir de 1808, les moulins furent répartis entre plusieurs propriétaires, mais Michel-Pascal-Marie Eymieu racheta ces six moulins en 1828 : une inscription gravée dans la pierre à la sortie de la prise d'eau d'alimentation du canal porte son nom et cette date.
Il construisit le bâtiment de Piquepierre I avant 1835, Piquepierre II avant 1843.
Ces deux bâtiments viennent d'être réhabilités en logements par madame et monsieur Christian Alphonse : "Les Terrasses de la Drôme".

Avant 1843 également, Michel-Pascal Eymieu édifia le bâtiment de l'Echarenne, le plus éloigné du village, aujourd'hui devenu nos chambres d'hôtes Frédéric Morin et Salomé.
En 1859, son fils Michel-André Eymieu hérita de cette fabrique de l'Echarenne où sont concentrés le dévidage, l'ourdissage, l'encollage et le remettage, alors que les tissages des bâtiments Piquepierre I et II échurent à Bernard Léon Eymieu en 1864.

Marius Bouvier, marchand de soie établi à Die, rachète le bâtiment de l'Echarenne en 1874, puis ceux de Piquepierre en 1877, avant de les louer d'abord en 1892 puis de les vendre aux établissements Naef de Zurich en 1898.
Les effectifs atteignent leur maximal en 1906 avec 400 ouvriers et ouvrières.
Les Naef, famille de soyeux originaire de Suisse allémanique, avaient supprimé la grande roue à aube (8m de diamètre) dont le bâtiment apparaît sur une photographie de 1884 au pied du bâtiment de l'Echarenne sur le canal alimentant les moulins de Saillans.

Une photographie de l'intérieur de ce bâtiment montre l'ourdissage animé par les poulies et courroies de transmission du mouvement de cette roue à aube, avant 1900.

Saillans au XXe siècle

Une autre photographie montre ce même atelier bénéficiant de l'électricité, aujourd'hui les salons de nos chambres d'hôtes Morin et Salomé.

Cette électricité était produite par une turbine intégrée à l'usine Naef rive droite de la Drôme, turbinant les eaux du canal dès avant 1904, alors que celle destinée aux habitants du village a été produite à partir de 1912 par une usine implantée en rive gauche à la sortie du Détroit, en amont de Saillans.

L'Hôtel de Ville est construit en 1888 sous le mandat d'Achille Planel. Le décor et le mobilier de la salle du Conseil sont inscrits à l'Inventaire supplémentaire des M.H. depuis 1987.

Paul Audra y a réalisé en 1899 une vaste peinture illustrant la culture de la vigne et de la pêche à l'époque romaine ; Léon-Bernard Eymieu une vue de Saillans depuis la route de Véronne.

Ces œuvres s'intègrent dans le circuit de visite du village, réalisé par l'Office de Tourisme du Pays de Saillans, téléchargeable à l'adresse :
http://www.saillanstourisme.com/documents-telechargeables/visite saillans.pdf .
Les soieries Naef de Saillans ont fonctionné jusqu'en 1968, mettant 114 ouvriers au chômage.
Depuis le déménagement à Crest en 2000 de l'industrie d'injection plastique de monsieur Gérard Murat, qui avait exploité ces locaux depuis 1974, les activités saisonnières de la viticulture --AOC Clairette de Die dont le canton de Saillans produit la majeure partie-- et de l'accueil touristique restent les seules ressources économiques de Saillans.

Frédéric Morin, 2012

pour plus de renseignements sur l'histoire de la soie à Saillans, consultez : Histoire industrielle de la soie à SAILLANS
Moulins hydrauliques de la Drôme, hydroélectricité, machines à vapeur, générateur diesel, chaudière à fuel lourd, diversité des sources énergétiques

La rédaction de ces pages doit beaucoup à :
"Saillans, histoire et tourisme" de Jean-Noël Couriol, S.I. + Les Amis de la Lecture, 1991,
"Mémoires de soie", Alliot-Baur-Baur-Bonnard, Vivre à Saillans, Saillans, 2010,
et "Le Solaure" périodique de l'Office de Tourisme du Pays de Saillans (numéros récents).



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