"LA CULTURE EN PARTAGE" avec
Frédéric MORIN architecte-conférencier
Histoires d'Architectures
Palais d'Orient : face au réchauffement climatique,
une belle architecture bio-climatique avant l'heure
Voici une partie du diaporama proposé par Frédéric Morin, architecte-conférencier, sur l'histoire de l'architecture
des palais orientaux, dessinant la mise au point de solutions passives pour combattre le réchauffement
climatique et l'aridification du climat entre les VIIe et XIXe siècles :
En 1598, l'empereur Shah Abbas Ier (1571-1629) décide de déplacer la capitale de l'empire iranien à Ispahan,
une oasis au milieu du haut plateau iranien, zone semi-désertique à 1.500m d'altitude.
Cette ville est irriguée par le fleuve Zayandeh Roud « rivière qui donne la vie » :
aucune agriculture n'est possible sans irrigation, laquelle est planifiée par Sheikh Bahaï (1547-1621).
Shah Abbas ordonne un ensemble urbain à l'image du paradis, autour de la grande place Naghch-e Djahan
« place de la moitié du monde » ou « du portrait du monde » (1612).
Les architectures de cette dynastie safavide privilégient un espace intermédiaire entre les espaces
intérieurs et extérieurs : « entre dedans et dehors ». Ces architectes safavides sont aussi des
poètes, des philosophes, des savants mathématiciens, astronomes, voire alchimistes ;
l'aboutissement de leur art ne serait pas la seule conception des volumes mais résiderait aussi
dans la manière de ne pas fermer l’espace. D'organiser l'usage de la pierre (et des autres matériaux
solides de construction que sont la brique, le bois et leurs dérivés) en combinaison avec l'eau et
l'air pour lutter contre le feu du soleil. Pour capter le vent avec les « tours à vent »
de Yazd notamment. Pour exploiter la capacité rafraîchissante de l'eau qui s'évapore et
faire circuler cette fraîcheur bienfaitrice. Outre le jeu des bassins, canaux et des jardins
avec l'étroit rapport avec la nature irriguée, végétation nourricière et paradisiaque...
Avec virtuosité, l'architecture se fait virtuelle, la pierre se fait dentelle,
la brique se fait tissage, la céramique se fait soyeuse et chatoyante,
le vent se fait brise et nous berce, les miroirs de verre ou d'eaux trompent nos yeux
pour le bonheur de nos sens.
Nous élargirons la focale pour parcourir également les palais de l'Alhambra de Grenade (ci-dessous) et
quelques-uns de Damas et du Caire, dans cette perspective de la
fluidité spatiale entre l'intérieur et l'extérieur, si efficace pour assurer le confort thermique.
L'adaptation aux changements climatiques par la fluidité des espaces,
« ni dedans ni dehors » ou bien à « la fois dedans et dehors » :
l'exemple des palais orientaux.
Grenade – Alhambra – Tour des Dames et jardin du Portal – 1302-1309 :
Grenade – Alhambra – Tour de Comares, cour des Myrtes et salle des Ambassadeurs – 1333-1354 :
Les zelliges imitent les claustras ou moucharabieh de bois vus depuis l'intérieur et
dématérialisent la perception du mur qui dépasse pourtant 2m d'épaisseur :
Grenade – Alhambra – Cour des Lions – par Muhammad V - 1354-1391 :
Grenade – Alhambra – salles des Abencerages et des Deux Sœurs - 1362-1391 :
Grenade – Alhambra – mirador de Daraxa et jardin de Comares – 1362-1391 :